Salle de sporbservation

Je me suis inscrite dans une salle de sport... L'article pourrait s'arrêter là, parce que cette simple phrase est un début mais aussi une fin, une acceptation de mon entêtement à fréquenter ces établissements malgré l'injonction de maintien à distance que je me suis imposée.

Mais voilà je m'obstine et cette fois je me suis promis de battre mon record: y aller plus de 15 fois dans l'année.

Il faut dire que d'autres paramètres sont à prendre en compte, un en particulier: c'est un grande salle de sport en Martinique! Et juste avec ça je tiens un sujet de griffonnage. Comme toujours nous commençons par une description du contexte martiniquais.

En Martinique nous maîtrisons et cultivons l'art d'observer les autres et de nous intéresser à leur vie tout en nous plaignons de leur réciproque indiscrétion. C'est couramment appelé dans nos îles le "makrélaj". De ce fait nous accordons beaucoup d'importance à notre apparence physique et vestimentaire.

La salle de sport en Martinique est donc un concept à part entière. Ce n'est pas juste un espace avec des appareils alignés, il y a une vie, des relations humaines, une ignorance feinte du regard des autres, mais ce dernier nous est essentiel parce qu'il nous motive à la pratique.

Les hommes vont donc profiter de cette salle de sport pour améliorer leur condition physique mais aussi nous faire une démonstration de performance sur les différents appareils. Et la salle en question est fort bien conçue, puisqu'elle propose une panoplie de ces engins de torture positionnés entre un pan de mur couvert de miroirs et une autre série d'appareils permettant de profiter du spectacle (quand comme moi on n'est pas très concentré sur ces propres exercices).

Alors certes, je ne boude pas mon plaisir, mais tout en toisant ceux qui auraient tendance à faire le show parce qu'ils se sont aperçus qu'ils avaient du public.

Nous les femmes, nous sentant observées, serons plus dans l'étalage de formes entretenues et éventuellement de tenues de sport variées et avantageuses, ici c'est ce que nous appelons le "karaj". Je me prends en exemple, quand je vais courir en plein air je mets le premier haut et bas de survet' que je trouve, parfois froissé et même troué. Pour aller à la salle, c'est un quart d'heure de recherche et de préparation: "Souriez vous êtes makrélé".

Ce pavanage n'est pas vain, parce que nous sommes effectivement scrutées par ces mâles en pleine sécrétion de testostérone. Il s'agit de ce que nous nommons le "makodaj", cette incontrôlable manie qu'ont les hommes de se retourner et de déshabiller une femme du regard sans tenir compte de leur manque de discrétion.

C'est donc un échange permanent de petites attentions des uns envers les autres, nous regardons et aimons être regardés. Nous en sommes parfaitement conscients mais ne pouvons nous empêcher de décrier ce comportement.

Ainsi, juste pour le plaisir d'observer mes congénères, je pense vraiment augmenter mon taux de fréquentation de cette salle. Et puis tant qu'à faire en profiter pour faire du sport!

Biz